Théologie platonicienne γ

γ.Τίς ὁ κατὰ Πλάτωνα θεολογικὸς καὶ πόθεν ἄρχεται καὶ μέχρι τίνων ἄνεισιν ὑποστάσεων καὶ κατὰ τίνα τῆς ψυχῆς δύναμιν ἐνεργεῖ διαφερόντως.Qu’est-ce qu’un théologien selon Platon, d’où prend-il son point de départ et jusqu’où s’élève-t-il dans la hiérarchie des degrés de la réalité et quelle puissance de l’âme exercet-il principalement?
 [Qu’est-ce que la théologie?]
Ἡ μὲν οὖν ὑπόθεσις οὕτω μεγάλη καὶ ὁτρόπος τῶν περὶ αὐτῆς λόγων τοιοῦτος καὶἡ τῶν μαθησομένων παρασκευὴ τοιάδε τίςἐστιν ὥς γέ μοι καταφαίνεται·Telle est donc l’importance de notre propos, tel le mode des discours qu’il faut tenir à son sujet et telle la préparation de ceux qui veulent apprendre quelque chose là-dessus, du moins à ce qu’il me semble ; 
πρὶν δὲ ἄρξωμαι τῆς τῶν προκειμένων ἡμῖνπραγμάτων ὑφηγήσεως βούλομαι περί τεαὐτῆς θεολογίας εἰπεῖν καὶ τῶν κατ’ αὐτὴν τρόπων καὶ τίνας μὲν ὁ Πλάτων δογματίζειτίνας δὲ ἀποσκευάζεται τῶν θεολογικῶν τύπων ἵνα ταῦτα προειδότες ῥᾶιον ἐν τοῖςἐχομένοις τὰς τῶν ἀποδείξεων ἀφορμὰςκαταμανθάνωμεν. mais avant d’entreprendre l’exposé des matières que je me propose d’aborder, je veux dire un mot de la théologie elle-même et des modes qu’elle comporte, dire aussi quels sont ceux des modèles de théologie que Platon fait siens et ceux qu’il rejette, de sorte que, après ces préliminaires, nous puissions plus facilement comprendre dans ce qui suivra les données qui servent de point de départ aux démonstrations.
Ἅπαντες μὲν οὖν ὅσοι πώποτε θεολογίαςεἰσὶν ἡμμένοι τὰ πρῶτα κατὰ φύσιν θεοὺςἐπονομάζοντες περὶ ταῦτα τὴν θεολογικὴν ἐπιστήμην πραγματεύεσθαί φασιν. Voici donc ce que disent tous ceux qui à une époque ou à une autre se sont occupés de théologie : ils appellent dieux les êtres premiers par nature, et selon eux ce sont ces êtres premiers qui constituent le sujet de la science théologique.
Καὶ οἱ μὲν τὴν σωματικὴν ὑπόστασιν τοῦεἶναι μόνον ἀξιοῦντες τὰ δὲ τῶν ἀσωμάτωνγένη συμπάντα πρὸς οὐσίαν δεύτερατιθέμενοι τάς τε ἀρχὰς τῶν ὄντων σωματοειδεῖς καὶ τὴν ταύτας γνωρίζουσαν ἐν ἡμῖν ἕξιν σωματικὴν ἀποφαίνουσιν. Les uns ont pensé que seule la substance corporelle était digne d’exister, et ils ont considéré tous les genres des substances incorporelles comme seconds par rapport à la subtance corporelle ; ils en concluent que les principes premiers des êtres sont de nature corporelle et que corporelle aussi est en nous la disposition qui nous permet de les connaître. 
Οἱ δὲ τὰ μὲν σώματα πάντα τῶν ἀσωμάτων ἐξάψαντες τὴν δὲ πρωτίστην ὕπαρξιν ἐνψυχῆι καὶ ταῖς ψυχικαῖς δυνάμεσιν D’autres, parcequ’ils font dépendre de l’incorporel tout ce qui est corporel et qu’ils limitent l’existence absolument première à l’âme et aux puissances de l’âme, 
ὁριζόμενοι θεοὺς μέν οἶμαι καλοῦσι τῶνψυχῶν τὰς ἀρίστας τὴν δὲ μέχρι τούτωνἀνιοῦσαν καὶ ταύτας γινώσκουσαν ἐπιστήμην θεολογίαν ἐπονομάζουσιν. nomment dieux, à ce que je crois, les plus parfaites d’entre les âmes et appellent théologie la science qui s’élève jusqu’à elles et les connaît. 
Ὅσοι δὲ αὖ καὶ τὰ τῶν ψυχῶν πλήθη παράγουσιν ἐξ ἄλλης πρεσβυτέρας ἀρχῆςκαὶ νοῦν ἡγεμόνα τῶν ὅλων ὑποτίθενται τέλος μὲν τὸ ἄριστον εἶναίMais tous ceux qui enfin considèrent la multitude des âmes comme produite à partir d’un autre principe supérieur à l’âme et qui placent l’intellect comme guide de tout l’univers, 
φασι τὴν πρὸς τὸν νοῦν τῆς ψυχῆς ἕνωσινκαὶ τὸ νοερὸν τῆς ζωῆς εἶδος τιμιότητι τῶν πάντων διαφέρειν νομίζουσιν εἰς δὲ ταὐτὸνἄγουσι θεολογίαν δήπου καὶ τὴν περὶ τῆςνοερᾶς οὐσίας ἐξήγησιν. ceux-là affirment qu’il n’y a rien de meilleur à atteindre comme fin ultime que l’union de l’âme avec l’intellect, et ils pensent que dans l’échelle des valeurs cette forme de vie au niveau de l’intellect surpasse toutes les autres ; c’est pour quoi ils en viennent, semble-t-il, à identifier la théologie avec la recherche relative au degré d’être de l’intellect.
Ἅπαντες μὲν οὖν, ὅπερ ἔφην, τὰς πρωτίστας ἀρχὰς τῶν ὄντων καὶ αὐταρκεστάτας θεοὺς ἀποκαλοῦσι καὶ θεολογίαν τὴν τούτων ἐπιστήμην. Ainsi tous, comme je l’ai dit, appellent dieux les principes tout premiers et se suffisant suprêmement à eux-mêmes de ce qui existe, et théologie, la science de ces principes. 
Μόνη δὲ ἡ τοῦ Πλάτωνος ἔνθεος ὑφήγησιςQuant à la philosophie divinement inspirée de Platon, elle et elle seule, 
τὰ μὲν σωματικὰ πάντα πρὸς ἀρχῆς λόγον ἀτιμάσασα parcequ’elle refuse de mettre au rang de principe premier tout ce qui est corporel 
(διότι δὴ τὸ μεριστὸν πᾶν καὶ διαστατὸν οὔτε παράγειν οὔτε σώιζειν ἑαυτὸ πέφυκεν ἀλλὰ καὶ τὸ εἶναι καὶ τὸ ἐνεργεῖν ἢ πάσχειν διὰ ψυχῆς ἔχει καὶ τῶν ἐν αὐτῆι κινήσεων)(pour la bonne raison que tout ce qui a des parties et de l’étendue ne peut par nature ni se produire soi-même ni se conserver dans l’être, mais ne possède l’être et l’action ou la passion que par l’intermédiaire d’une âme et des mouvements de l’âme), 
τὴν δὲ ψυχικὴν οὐσίαν πρεσβυτέραν μὲνεἶναι σωμάτων ἀποδείξασα τῆς δὲ νοερᾶς ὑποστάσεως ἐξηρτημένηνet parce qu’aussi elle démontre que l’être de l’âme, tout en étant supérieur (plus respectable, plus vieux) à celui des corps, n’en est pas moins suspendu à l’existence de l’intellect
(ἐπειδὴ πᾶν τὸ κατὰ χρόνον κινούμενονκἂν αὐτοκίνητον ἦι τῶν μὲν ἑτεροκινήτωνἐστὶν ἡγεμονικώτερον τῆς δὲ διαιωνίας κινήσεως δεύτερον), (attendu que tout ce qui est mobile dans le temps, même s’il est mû par lui-même, est d’une part supérieur à ce qui est mû par un autre et d’autre part inférieur au mouvement éternel) ; 
σωμάτων μέν ὥσπερ εἴρηται αὶ ψυχῶν πατέρα τὸν νοῦν ἀποφαίνει καὶ αἴτιον καὶ περὶ ἐκεῖνον πάντα καὶ εἶναι καὶ ἐνεργεῖν ὅσα τὴν ζωὴν ἐν διεξόδοις καὶ ἀνελίξεσι κέκτηται,{Platon} donc et lui seul, d’abord (1) met en évidence (1.1) que l’intellect, comme on l’a dit, est père et cause des corps et des âmes(1.2) et que tout ce qui exerce l’activité de sa vie dans des phénomènes de passage et de développement, a l’être et l’agir en référence à l’intellect, 
πρόεισι δὲ ἐπ’ ἄλλην ἀρχὴν τοῦ νοῦπαντελῶς ἐξηιρημένην καὶ ἀσωματωτέρανκαὶ ἄρρητον ἀφ’ ἧς πάντα κἂν τὰ ἔσχατατῶν ὄντων λέγηις τὴν ὑποστάσιν ἔχειν ἀναγκαῖον·(2) mais ensuite il s’avance jusqu’à un autre principe premier, totalement transcendant par rapport à l’intellect, encore plus éloigné du corporel et indicible, duquel il faut que tout être tienne son existence, même s’il s’agit du dernier des êtres ;
ψυχῆς μὲν γὰρ οὐ πάντα μετέχειν πέφυκενἀλλ’ ὅσα ζωὴν ἔσχηκε τρανεστέραν ἢ ἀμυδροτέραν ἐν αὑτοῖςce ne sont pas tous les êtres en effet qui par nature participent de l’âme, mais seulement ceux qui possèdent en eux-mêmes la vie d’une manière plus ou moins claire,
οὐδὲ νοῦ πάντα καὶ τοῦ ὄντος ἀπολαύειν δυνατὸν ἀλλ’ ὅσα κατ’ εἶδος ὑφέστηκεce ne sont pas non plus tous les êtres qui peuvent jouir de l’intellect et de l’être, mais seulement ceux qui subsistent selon une forme,
δεῖ δὲ αὖ τὴν ἀρχὴν τῶν πάντων ὑπὸπάντων μετέχεσθαι τῶν ὄντων εἴπερμηδενὸς ἀποστατήσει πάντων αἰτία τῶνὁπωσοῦν ὑφεστάναι λεγομένων οὖσα. tandis qu’il faut bien que le principe premier de tous les êtres soit participé par tous, puisqu’il ne peut jamais être séparé d’aucun d’eux, étant cause de tout ce qui est dit exister de quelque manière.
Ταύτην δὲ πρωτίστην τῶν ὅλων καὶ νοῦπρεσβυτέραν ἀρχὴν ἐν ἀβάτοις ἀποκεκρυμμένην ἐνθέως ἀνευροῦσαCe principe tout premier de l’univers et supérieur à l’intellect, Platon l’a découvert sous l’effet d’une inspiration divine, caché qu’il était en des lieux inaccessibles,
καὶ τρεῖς ταύτας αἰτίας καὶ μονάδας ἐπέκεινα σωμάτων ἀναφήνασα ψυχὴν λέγω καὶ νοῦν τὸν πρώτιστον καὶ τὴν ὑπὲρνοῦν ἕνωσιν,  et il a présenté comme étant au-dessus du corporel ces trois causes et monades, je veux dire l’âmel’intellect tout premier et l’Unité supérieure à l’intellect,
παράγει μὲν ἐκ τούτων ὡς μονάδων τοὺς οἰκείους ἀριθμούς τὸν μὲν ἑνοειδῆ τὸν δὲνοερὸν τὸν δὲ ψυχικόν πᾶσα γὰρ μονὰς ἡγεῖται πλήθους ἑαυτῆι συστοίχου συνάπτει δὲ ὥσπερ τὰ σώματα ταῖς ψυχαῖς οὕτω δήπου καὶ τὰς ψυχὰς μὲν τοῖς νοεροῖς εἴδεσι ταῦτα δὲ ταῖς ἑνάσι τῶν ὄντων πάνταδὲ εἰς μίαν ἐπιστρέφει τὴν ἀμέθεκτον ἑνάδα.puis à partir de ces principes comme de monades il produit les séries qui leur sont propres, celle propre à l’Un, celle propre à l’intellect, celle propre à l’âme (car toute monade est à la tête d’une multiplicité coordonnée à elle-même), et de même qu’il rattache les corps aux âmes, de la même façon, semble-t-il, il rattache aussi les âmes aux formes qui sont dans l’intellect, et ces dernières aux hénades de ce qui existe, enfin il convertit toutes choses vers l’unique hénade imparticipable.
Καὶ μέχρι ταύτης ἀναδραμοῦσα πέραςοἴεται τὸ ἀκρότατον ἔχειν τῆς τῶν ὅλων θεωρίαςLorsque la philosophie de Platon est remontée jusqu’à cette hénade, elle pense tenir enfin le sommet de la considération sur l’univers, 
καὶ ταύτην εἶναι τὴν περὶ θεῶν ἀλήθειαν ἣ περὶ τὰς ἑνάδας τῶν ὄντων πραγματεύεταιelle croit que la vérité au sujet des dieux est celle qui a pour objet les hénades de ce qui existe, 
καὶ τάς τε προόδους αὐτῶν καὶ τὰςἰδιότητας παραδίδωσι καὶ τὴν τῶν ὄντωνπρὸς αὐτὰς συναφὴν καὶ τὰς τῶν εἰδῶντάξεις αἳ τούτων ἐξήρτηνται τῶν ἑνιαίων ὑποστάσεων·et elle nous enseigne leurs processions et leurs propriétés, la manière dont les êtres leur sont liés, et les hiérarchies des formes qui dépendent de ces substances marquées du caractère de l’Un ;
τὴν δὲ περὶ νοῦν καὶ τὰ εἴδη καὶ τὰ γένητοῦ νοῦ στρεφομένην θεωρίαν δευτέρανεἶναι τῆς περὶ αὐτῶν τῶν θεῶν πραγματευομένης ἐπιστήμης·quant à la considération qui regarde l’intellect, avec les formes et les genres qu’il contient, Platon la juge seconde par rapport à la science qui traite des dieux eux-mêmes,
καὶ ταύτην μὲν ἔτι νοητῶνἀντιλαμβάνεσθαι καὶ τῆι ψυχῆι δι’ ἐπιβολῆς γινώσκεσθαι δυναμένων εἰδῶνet il pensequ’elle atteint des formes encore intelligibles et qui peuvent être connues de l’âme par |une saisie intuitive ?|, 
τὴν δὲ ταύτης ὑπερέχουσαν ἀρρήτων καὶἀφθέγκτων ὑπάρξεων μεταθεῖν τήν τε ἐν ἀλλήλαις αὐτῶν διάκρισιν καὶ τὴν ἀπὸμιᾶς αἰτίας ἔκφανσιν.tandis que, au contraire, la science qui lui est supérieure, recherche au sujet des existences indicibles et inexprimables la manière dont elles se distinguent les unes d’avec les autres et dont elles émergentd’une unique cause.
Ὅθεν οἶμαι καὶ τῆς ψυχῆς τὸ μὲν νοερὸν ἰδίωμα καταληπτικὸν ὑπάρχειν τῶν νοερῶν εἰδῶν καὶ τῆς ἐν αὐτοῖς διαφορᾶςDe là vient, je crois, que c’est la fonction proprement intellective de l’âme qui est capable de saisir les formes de l’intellect et les différences qu’elles comportent,
τὴν δὲ ἀκρότητα τοῦ νοῦ καί ὥς φασι τὸἄνθος καὶ τὴν ὕπαρξιν συνάπτεσθαι πρὸςτὰς ἑνάδας τῶν ὄντων καὶ διὰ τούτων πρὸςαὐτὴν τὴν πασῶν τῶν θείων ἑνάδων ἀπόκρυφον ἕνωσιν.et que c’est le sommet de l’intellect et, comme l’on dit, sa fleur et son existence qui s’unit aux hénades de tout ce qui existe et, par leur intermédiaire, à cette Unité cachée de toutes les hénades divines.
Πολλῶν γὰρ ἐν ἡμῖν δυνάμεων οὐσῶν γνωριστικῶν,Car il y a en nous plusieurs pouvoirs de connaissance,
κατὰ ταύτην μόνην τῶι θείωι συγγίνεσθαι καὶ μετέχειν ἐκείνου πεφύκαμεν·mais c’est celui-là seul qui nous permet d’entrer naturellement en relation avec le divin et d’en participer.
οὔτε γὰρ αἰσθήσει τὸ θεῶν γένος ληπτόν εἴπερ ἐστὶ σωμάτων ἁπάντων ἐξηιρημένονEn effet, la classe des dieux n’est appréhendée ni par la sensation, puisqu’elle transcende tout ce qui est corporel,
οὔτε δόξηι καὶ διανοίαι μερισταὶ γὰρ αὗται καὶ πολυειδῶν ἐφάπτονται πραγμάτωνni par l’opinion ou le raisonnement, car ce sont des opérations divisibles en parties et adaptées aux réalités multiformes,
οὔτε νοήσει μετὰ λόγου τῶν γὰρ ὄντωςὄντων εἰσὶν αἱ τοιαῦται γνώσεις ἡ δὲ τῶν θεῶν ὕπαρξις ἐποχεῖται τοῖς οὖσι καὶ κατ’ αὐτὴν ἀφώρισται τὴν ἕνωσιν τῶν ὅλων.ni par l’activité de l’intelligence assistée de la raison, car ce genre de connaissance est relatif aux êtres réellement êtres, tandis que la pure existence des dieux surmonte le domaine de l’être et se définit par cette unité elle-même, qui se rencontre dans l’ensemble de ce qui existe.
Λείπεται οὖν εἴπερ ἐστὶ καὶ ὁπωσοῦν τὸ θεῖον γνωστόν τῆι τῆς ψυχῆς ὑπάρξει καταληπτὸν ὑπάρχειν καὶ διὰ ταύτης γνωρίζεσθαι καθ’ ὅσον δυνατόν.Si donc le divin peut être connu de quelque manière, il reste que ce soit par la pure existence de l’âme qu’il soit saisi et, par ce moyen, connu pour autant qu’il peut l’être.
Τῶι γὰρ ὁμοίωι πανταχοῦ φαμὲν τὰ ὅμοια γινώσκεσθαι·En effet, à tous les degrés nous disons que le semblable est connu par le semblable :
τῆι μὲν αἰσθήσει δηλαδὴ τὸ αἰσθητόν τῆι δὲδόξηι τὸ δοξαστόν τῆι δὲ διανοίαι τὸδιανοητόν τῶι δὲ νῶι τὸ νοητόν ὥστε καὶτῶι ἑνὶ τὸ ἑνικώτατον καὶ τῶι ἀρρήτωι τὸ ἄρρητον.autrement dit la sensation connaît le sensible, l’opinion l’objet d’opinion, le raisonnement le rationnel, l’intellect l’intelligible, de telle sorte que c’est par l’un aussi que l’on connaît le suprême degré de l’Unité et par l’indicible l’indicible.
Ὀρθῶς γὰρ καὶ ὁ ἐν Ἀλκιβιάδηι Σωκράτης ἔλεγεν εἰς ἑαυτὴν εἰσιοῦσαν τὴν ψυχὴν τάτε ἄλλα πάντα κατόψεσθαι καὶ τὸν θεόν·C’est pourquoi Socrate a raison de dire dans le Premier Alcibiade que c’est en rentrant en elle-même que l’âme obtient la vision non seulement de tout le reste mais aussi de dieu.
συννεύουσα γὰρ εἰς τὴν ἑαυτῆς ἕνωσιν καὶ τὸ κέντρον τῆς συμπάσης ζωῆςCar en s’inclinant vers sa propre unité et vers le centre de sa vie entière,
καὶ τὸ πλῆθος ἀποσκευαζομένη καὶ τὴν ποικιλίαν τῶν ἐν αὑτῆι παντοδαπῶν δυνάμεωνet en se débarrassant de la multiplicité et de la diversité des puissances infiniment variées qu’elle contient,
ἐπ’ αὐτὴν ἄνεισι τὴν ἄκραν τῶν ὄντων περιωπήν.l’âme s’élève jusqu’à cet ultime point de vue sur tout ce qui existe.
Καὶ ὥσπερ ἐν ταῖς τῶν τελετῶν ἁγιωτάταιςφασὶ τοὺς μύστας τὴν μὲν πρώτηνπολυειδέσι καὶ πολυμόρφοις τῶν θεῶν προβεβλημένοις γένεσιν ἀπαντᾶν εἰσιόντας δὲ ἀκλινεῖς καὶ ταῖς τελεταῖς πεφραγμένους αὐτὴν τὴν θείαν ἔλλαμψιν ἀκραιφνῶς ἐγκολπίζεσθαι καὶ γυμνῆτας ὡς ἂν ἐκεῖνοιφαῖεν τοῦ θείου μεταλαμβάνειν·Et de même que dans les plus sacrés des mystères on dit que les initiés rencontrent tout d’abord des êtres infiniment variés en espèces et en formes, qui précèdent les dieux, mais que, lorsqu’ils sont entrés à l’intérieur du sanctuaire, debout et immobiles, dans la sécurité intime qu’apporte l’accomplissement des rites, ils reçoivent en eux-mêmes d’une manière absolument pure l’illumination divine elle-même et dévêtus, comme diraient les Oracles, entrent en participation du divin ;
τὸν αὐτὸν οἶμαι τρόπον καὶ ἐν τῆι θεωρίαι τῶν ὅλων εἰς μὲν τὰ μεθ’ ἑαυτὴν βλέπουσαν τὴν ψυχὴν τὰς σκιὰς καὶ τὰ εἴδωλα τῶν ὄντων βλέπειν εἰς ἑαυτὴν δὲ ἐπιστρεφομένην τὴν ἑαυτῆς οὐσίαν καὶ τοὺς ἑαυτῆς λόγους ἀνελίττειν·de la même façon, je pense, dans la considération de l’univers, l’âme, en regardant ce qui vient après elle-même, voit les ombres et les images de ce qui existe, mais lorsqu’elle se tourne vers elle-même, elle explicite son propre être et ses propres raisons ;
καὶ τὸ μὲν πρῶτον ὥσπερ ἑαυτὴν μόνον καθορᾶν βαθύνουσαν δὲ τῆι ἑαυτῆς γνώσεικαὶ τὸν νοῦν εὑρίσκειν ἐν αὑτῆι καὶ τὰς τῶν ὄντων τάξεις χωροῦσαν δὲ εἰς τὸ ἐντὸς αὑτῆς καὶ τὸ οἷον ἄδυτον τῆς ψυχῆς ἐκείνωι καὶ τὸ θεῶν γένος καὶ τὰς ἑνάδας τῶν ὄντων μύσασαν θεάσασθαι.et d’abord, c’est comme si elle se voyait elle-même seule, ensuite en s’enfonçant dans cette connaissance de soi-même, elle découvre en elle l’intellect et les degrés de la hiérarchie des êtres, quand enfin elle s’établit dans l’intérieur d’elle-même et pour ainsi dire dans le sanctuaire de l’âme, par ce moyen elle contemple les yeux fermés et la classe des dieux et les hénades de ce qui existe.
Πάντα γάρ ἐστι καὶ ἐν ἡμῖν ψυχικῶς καὶ διὰ τοῦτο τὰ πάντα γινώσκειν πεφύκαμεν ἀνεγείροντες τὰς ἐν ἡμῖν δυνάμεις καὶ τὰς εἰκόνας τῶν ὅλων.En effet, toutes choses se retrouvent aussi en nous mais sous le mode de l’âme, et par là il est dans notre nature de tout connaître, en réveillant les puissances qui sont en nous et les images de la totalité des êtres.
Καὶ τοῦτό ἐστι τὸ ἄριστον τῆς ἐνεργείας,Et voici en quoi consiste le meilleur de notre activité :
ἐν ἠρεμίᾳ τῶν δυνάμεων πρὸς αὐτὸ τὸ θεῖον ἀνατείνεσθαι καὶ περιχορεύειν ἐκεῖνοdans le calme de nos puissances être tendu vers le divin lui-même et s’associer à son chœur,
καὶ πᾶν τὸ πλῆθος τῆς ψυχῆς συναγείρεινἀεὶ πρὸς τὴν ἕνωσιν ταύτηνrassembler sans cesse toute la multiplicité de l’âme dans cette unité-là,
καὶ πάντα ἀφέντας ὅσα μετὰ τὸ ἓν αὐτῶι προσιδρύεσθαι καὶ συνάπτεσθαι τῶι ἀρρήτωι καὶ πάντων ἐπέκεινα τῶν ὄντων.et, laissant derrière soi tout ce qui vient après l’Un, s’établir au contact de cet indicible et de cet au-delà de tout ce qui existe.
Μέχρι γὰρ τούτου τὴν ψυχὴν ἀνιέναιθεμιτὸν ἕως ἂν ἐπ’ αὐτὴν ἀνιοῦσα τελευτήσηι τὴν τῶν ὄντων ἀρχήν·Oui, c’est jusqu’à lui qu’il est permis à l’âme de s’élever lorsqu’elle achèvera son ascension vers ce principe premier de tout ce qui existe;
ἐκεῖ δὲ γενομένην καὶ τὸν ἐκεῖ τόπον θεασαμένηνune fois arrivée là, qu’elle considère le lieu où elle est, 
καὶ κατιοῦσαν ἐκεῖθενet redescendue de là-bas, 
καὶ διὰ τῶν ὄντων πορευομένηνvoyageant à travers les êtres
καὶ ἀνελίττουσαν τὰ πλήθη τῶν εἰδῶνet explicitant la multitude des formes,
τάς τε μονάδας αὐτῶν καὶ τοὺς ἀριθμοὺς διεξιοῦσανqu’elle examine dans sa traversée non seulement leurs monades mais aussi leurs séries
καὶ ὅπως ἕκαστα τῶν οἰκείων ἑνάδων ἐξήρτηται νοερῶς διαγινώσκουσαν, et qu’elle reconnaisse par son intellect comment chacune de ces formes dépend de sa propre hénade,
τελεωτάτην οἴεσθαι τῶν θείων ἐπιστήμην ἔχειν τάς τε τῶν θεῶν προόδους εἰς τὰ ὄντακαὶ τὰς τῶν ὄντων περὶ τοὺς θεοὺς διακρίσεις ἑνοειδῶς θεασαμένην.alors elle aura raison de croire qu’elle possède la science la plus parfaite des principes divins, après avoir contemplé d’une manière apparentée à l’Un les processions des dieux dans les êtres et les distinctions des êtres selon les dieux.
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